L'infini
Coins de mur
Tirages jet d'encre sur papier fine-art
...e questa siepe, che da tanta parte dell'ultimo orizzonte il guardo esclude. (Giacomo Leopardi, L'Infini)
Je l'avoue, les coins m'attirent. Deux pans de mur forment un angle saillant et mon regard est capturé. D'où vient-elle cette fascination? Il y a bien sûr cette ligne verticale, prue de navire qui s'avance, démarcation et confluence, point d'orgue tranchant où l'univers se concentre et se résume. Césure nette entre ombre et lumière, où qu'elle soit située dans l'image, elle revient obsédante au centre de l'attention, comme le nez au milieu de la figure. Loin de nous barrer la vue, c'est presque une invitation à aller plus loin, au delà, au dedans. Elle nous aspire.
De son coin le coin nous observe. Il attend, patient. Il n'exige pas mais il insiste. Il se transforme sous nos yeux, il est pure abstraction métaphysique : je suis cloué, hypnotisé. Quelques éléments – des griffures, un chiffre, des jointures entre les pierres - sont là pour me ramener à la réalité, mais le regard veut encore s’échapper, se replonger dans cette contemplation sans but, rivé à cette ligne qui nous tient.