Campodombra

L’objet et son double

Loin du bruit et de la fureur du monde contemporain, je mène depuis des années une recherche photographique ayant comme axes principaux lumière et matière. Convaincu que tout peut être source d’émerveillement et point de départ pour une réflexion esthétique et philosophique, je trouve mes sujets au hasard des rencontres, en général des choses très simples, sans intérêt apparent. Je m'en approprie pour qu’elles deviennent le matériau brut d’une transformation. Mon pari consiste en quelque sorte à réaliser cette transformation tout en photographiant ces choses "telles qu'elles sont" et de façon à ce qu’elles restent parfaitement reconnaissables ; procédé paradoxal qui a comme résultat la coexistence dans l'image de deux objets, deux entités bien distinctes mais parfaitement superposées : l’objet connu et toujours reconnaissable et l’autre, l’objet derrière l’objet, inattendu et nouveau. Ainsi, ces vieilles boites en carton auront toujours l’apparence de vieilles boites en carton mais elles nous feront songer en même temps à autre chose ; ce bout de chiffon sera encore à nos yeux un bout de chiffon mais aussi autre chose, et cette « autre chose », indissociable du sujet photographié, assumera pour chacun de nous des identités et des significations différentes. Bien qu’il se laisse aisément nommer, malgré son évidence, le sujet échappe alors à toute tentative d’apprivoisement : il est bien là devant nos yeux, silencieux et immobile, mais il nous emmène constamment ailleurs. Libéré de ses amarres factuelles il n’est plus le but ultime et figé à jamais de l’image photographique mais, tour à tour, véhicule du voyage, passeur et passage.

Il existe un lieu intime et secret où les choses rayonnent d’une richesse insoupçonnée, où elles se révèlent à notre regard. La recherche de ce lieu, véritable point de rupture entre reproduction et révélation, est le fil conducteur de mon travail. Le sujet photographié n’est alors qu’un moyen, un prétexte pour qu’une transfiguration s’opère et pour que chaque image puisse acquérir une dimension symbolique et universelle qui va au delà de la simple représentation.

 


Stefano G. Bianchi

Stefano G. Bianchi est né à Brescia (Italie) en 1964

Vit et travaille en France


Expositions

 

  • Expositions personnelles :

« De Brescia à Gamagöri » (avec Masao Yamamoto), In Extremis, Strasbourg (2019)
« La Ronde », par le Centre Photographique de Rouen-Normandie, La Fabrique des Savoirs, Elbeuf (2019
« Vies Silencieuses », Galerie Camera Obscura, Paris (2016)
« Stracci », Città delle Donne, Naples (2006)
« Stracci », Galerie Philippe Chaume, Paris (2005)
« Stracci », Festival de la Photo et de la Mode », Villa Noailles, Hyères (2004)

  •  Expositions collectives :

« Le parti pris des choses », CRP/Centre Régional Photographique Hauts-de-France, Douchy-les-Mines (2024)                                                          « Le Hasard ne visite jamais les sots », In Extremis, Strasbourg (2021)
« Tacites ou insoupçonnées - des intelligences furtives », Espace Apollonia, Strasbourg (2019)
« Rien ou si peu. Tellement tout », Saint-Dié (2016)                                                                                                                                                   « Grandes Ouvertes » Photographies de la collection Madeleine Millot-Durrenberger, Isba, Besançon (2017)
« Art & Me », MUDAM Luxembourg, (2015)
« Design City », MUDAM Luxembourg (2006)

  •  Collections publiques :

- MUDAM (Musée d’art Moderne du Luxembourg)
- Artothèque de Strasbourg